jeudi 28 février 2013

ÉPAGNE-ÉPAGNETTE (80) Des poneys morts dans le marais

La SPA s’apprête à déposer plainte contre le propriétaire de poneys livrés à eux-mêmes. Deux cadavres et des os sont localisés. L’éleveur affirme bien s’occuper de ses animaux.

Dans un marais communal de 25 hectares, devenu un bourbier, cet hiver, des poneys Shetlands paissent le moindre brin d’herbe que l’eau et le froid n’ont pas brûlé. Combien sont-ils ces petits chevaux de constitution robuste ? Trente ? Quarante ? Impossible à compter à l’œil nu, car ils sont disséminés, presque à perte de vue, dans cet endroit longeant le fleuve Somme, à Épagne-Épagnette, au sud-est d’Abbeville. Leur propriétaire, Jean Leduc, de Mesnil-Domqueur, le sait-il lui-même ? Certains en doutent, tant ces poneys sont livrés à eux-mêmes : pas de paille, pas d’abri, pas d’entretien. « Il y en a qui ont les pieds très longs. On appelle ça des babouches (ndlr : en référence à ces chaussons à bout pointu) et qui les empêchent de se déplacer normalement », explique Sylvie.
Cette enquêtrice bénévole pour la Fondation assistance aux animaux et la SPA du Ponthieu-Marquenterre, à Buigny-Saint-Maclou, est venue sur place mardi, appelée par un habitant de ce village : « Ces poneys ne sont pas nourris. Certains ont le ventre gonflé. Ils sont sûrement bourrés de vers. » « L’été, le marais est sec. Les chevaux sont en plein soleil. Il n’y a pas d’abreuvoir, poursuit cet habitant du village, qui ne souhaite pas que son nom apparaisse. Le propriétaire récupère les jeunes quand ils sont sevrés et c’est tout. Il ne s’en occupe pas. »

« Inadmissible »

La découverte de deux cadavres et d’ossements accrédite cette thèse. Un poney gît dans l’eau au milieu de la pâture. Une autre carcasse, putréfiée, jonche un fossé rempli d’eau, sous deux palettes, comme pour la dissimuler. À côté, des os. Jean Leduc affirme qu’il va « tous les deux jours, apporter du grain et de la paille » à ses poneys. Il rend les sangliers, en partie, responsables de l’état de la pâture. Des clôtures électriques sont d’ailleurs en cours d’installation.
Les cadavres ? « J’y suis allé ce matin (ndlr : mercredi). Je n’ai pas trouvé. Je pense que c’est une vieille femelle. Ces poneys vivent naturellement, ils meurent aussi naturellement. Ça n’est pas la première fois que j’ai des problèmes avec la SPA, mais ils n’y connaissent rien. » La SPA de Buigny et la Fondation assistance aux animaux ne sont pas les seules à s’intéresser à l’état de ces poneys. Un délégué de la Ligue française de protection des chevaux (LFPC) est venu également sur place, mardi, donnant un ballot de paille à ces animaux. Il témoigne, lui aussi, de façon anonyme : « C’est inadmissible de laisser des bêtes dans cet état-là. » Si une décision de justice intervient, la LFPC serait prête à accueillir ces animaux.

On n’en est pas là, mais une plainte de Janine Pereira, présidente de la SPA de Buigny, devrait être déposée aujourd’hui ou demain, auprès de la gendarmerie d’Ailly, indiquait-elle hier. Un gendarme est allé sur place mardi, en compagnie de l’habitant d’Épagne qui a soulevé cette affaire. Les services vétérinaires sont saisis également.

Et le refuge de Buigny, dans son rôle de défenseur des animaux, fait de la publicité à ce dossier, en l’affichant sur son blog. Plus personne ne devrait pouvoir laisser entendre, comme le glisse l’enquêtrice, Sylvie, que « tout le monde sait, mais personne ne dit rien ».
 

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