« Ça mérite d’être encore affiné, mais l’individu qui s’est fait passer pour moi a non seulement utilisé mon nom mais aussi ma qualité d’avocat. C’est ainsi qu’il est rentré en contact avec cette dame de Kœnigsmacker. » Les rapports ne sont que téléphoniques, parfois par e-mail. « Cet individu s’est présenté comme Jean-Christophe Duchet. Une autre fois, c’était Philippe Duchet, en référence sans doute à mon associé (Philippe Carmantrand, NDLR). » Les mails reçus par la femme âgée portent l’entête du cabinet des deux avocats. L’écran de fumée est presque parfait.
Quand le vrai conseil parle à l’usurpateur
« Quand elle m’a raconté ça, je suis évidemment tombé des nues. Elle m’appelait pour savoir quand j’allais la rembourser… » La septuagénaire a réalisé des transferts de fonds par Western Union. Plusieurs centaines d’euros par mandat cash. Elle aurait envoyé 4 000 € en tout à ce faux avocat, qui est parvenu à l’embobiner en prétendant vouloir aider une jeune fille au Mali. L’usurpateur l’aurait bien fait lui-même mais « il avait un problème de ligne de crédit ».Lundi, le vrai Jean-Christophe Duchet a parlé à son double. « J’ai contacté le numéro communiqué par la dame de 75 ans. J’ai demandé Me Duchet et l’autre m’a répondu : "oui, c’est bien moi" . Un gars plein d’aplomb. » La suite de la discussion est courte, plutôt violente. « Il a préféré raccrocher quand je lui ai dit qui j’étais. Au moins, il sait désormais que nous sommes au courant de ses manigances. J’espère qu’il va arrêter d’utiliser frauduleusement nos identités. »
L’avocat messin a déposé plainte dans la foulée pour prise du nom d’un tiers pouvant déterminer des poursuites pénales. Le procureur de la République de Metz et le bâtonnier ont été alertés. La brigade des violences urbaines est chargée de l’enquête. Avec quelle chance d’identifier l’auteur ? Maigre, forcément, comme à chaque fois qu’il s’agit d’une escroquerie lancée depuis le continent africain.
Autre crainte pour les avocats : un piratage de leur système informatique. « S’ils ont été capables d’utiliser notre e-mail, ils ont peut-être pu rentrer et accéder à nos dossiers, fulmine Philippe Carmantrand. Nous sommes en train de tout faire vérifier. Enfin bon, le plus gênant dans cette histoire, c’est ce qui est arrivé à cette pauvre dame qui s’est fait duper. Il faut croiser les doigts pour qu’il n’y ait pas d’autres victimes. »
http://www.republicain-lorrain.fr/moselle/2013/06/14/une-septuagenaire-dupee-par-un-faux-avocat-messin
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