Les enquêteurs de la brigade mobile de recherche zonale auraient mis au jour une organisation huilée où tous les rouages se sont parfaitement imbriqués. Ces différentes compétences auraient produit une machine à but lucratif « dont on cherche à déterminer précisément l’importance », dit une source.
Tout en haut du système, les hommes de la Paf ont placé trois interprètes, originaires d’Albanie, œuvrant dans différentes associations d’aide aux demandeurs d’asile, et intervenant régulièrement au tribunal. Soupçonnées d’être les inspiratrices du trafic, elles auraient signé des attestations d’accueil – appelées avant 2015 attestations d’hébergement – pour faire venir des familles sur le sol français.
Des soins psy pour toute la famille…
Elles les auraient ensuite guidées dans leurs dossiers administratifs de demande d’asile, en leur conseillant d’engager des démarches afin d’obtenir un titre de séjour pour raisons médicales. Les interprètes avaient leurs petites habitudes dans le milieu médical messin pour faciliter la chose…
Ils ont payé dans l’espoir de rester en France
C’est là que se situe le deuxième niveau du réseau : les forces de l’ordre ont interpellé lundi quatre médecins qui se montraient apparemment arrangeants avec les demandeurs d’asile. Leurs noms se retrouvent sur les ordonnances avec une étonnante régularité. Le volume des consultations d’étrangers intrigue particulièrement la justice. Parmi ces spécialistes : trois psychiatres. « Il y a pénurie dans ce domaine en Albanie et au Kosovo. L’impératif de soins psychiatriques pouvait faciliter l’obtention de documents. » Parfois, tous les membres d’une famille devaient en bénéficier.Pas forcément de titre de séjour à l’arrivée
Dernier rouage : des agents de la préfecture de la Moselle. Deux ont été placés en garde à vue, et interrogés sur leurs liens supposés avec au moins deux traductrices. Eloignés des postes à responsabilité, ces agents – l’un a été remis en liberté hier soir – sont soupçonnés d’avoir fourni des informations sur la situation administrative des demandeurs d’asile. Sans que l’on sache aujourd’hui combien de titres de séjour ont été délivrés sur la base de fausses informations médicales. Cela va être un enjeu de la suite des investigations. « C’est ce qui est pervers dans ce montage car il n’y a pas forcément de titre de séjour au bout du chemin pour ces gens, ces familles, qui ont pourtant payé dans l’espoir de rester en France », confie une source.Cette aide fournie aux étrangers avait bien sûr un prix que cette population rechigne rarement à payer. Après les passeurs, elle a dû s’acquitter de sommes que les spécialistes financiers du Groupe d’intervention régional vont s’attacher à retracer. Les enquêteurs cherchent à lister le patrimoine de chaque mis en cause. D’après certaines indiscrétions, certains d’entre eux auraient payé des biens immobiliers rubis sur ongle.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/12/16/metz-13-personnes-soupconnees-de-trafic-d-aide-au-sejour-en-garde-a-vue
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