« Mon mari, Olivier, est magasinier cariste et également professeur de judo. Lors du week-end du 1 er mai, j’ai observé chez lui une grande fatigue, inhabituelle. Il mettait ça sur le compte du travail – c’est vrai qu’il travaillait beaucoup. Samedi soir (le 30 avril), ce qui m’a choqué, c’est la décoloration de son visage : un teint grisâtre, cadavérique. Il ne se plaint jamais mais il me parlait d’une gêne à la poitrine, comme une compression, mais pas de douleur.
Lundi matin, tout allait bien. Fatigué mais bonne mine. Il est allé travailler. Sans lui demander son avis, j’ai pris un rendez-vous chez notre médecin traitant. J’avais vu un reportage sur le Samu quelques semaines auparavant, il était question d’un cas un peu similaire à mon mari. Je n’avais qu’une obsession : la possibilité qu’il fasse un infarctus. Quand je lui parlais du rendez-vous, ça le faisait rire, il était comme vous et moi, sans aucun symptôme apparent.
« Le taux de troponine était 350 fois plus élevé que la normale »
Le médecin a prescrit une prise de sang pour mesurer la troponine (dont le dosage permet de diagnostiquer un infarctus). Je voulais qu’il aille la faire tout de suite, lui pensait y aller dans deux-trois jours. Ce soir-là, il devait aller donner son cours de judo. Je l’ai convaincu et on est allés au laboratoire.Vers 18 h 30, le médecin m’a rappelé. Il venait d’avoir les résultats du labo : le taux était 350 fois plus élevé que la normale. Au lieu d’être à 0,05, il était à 15. Je me rappelle des mots du médecin : Votre mari est en train de faire un infarctus. Lui était sur le canapé, il n’y croyait pas trop, j’ai dû lui passer le médecin.
Je l’ai conduit à la clinique Courlancy. Il a passé une coronographie, une autre prise de sang. Le médecin nous a dit que c’était une question d’heures. Peut-être qu’il se serait effondré durant son cours de judo, peut-être qu’il ne se serait pas réveillé le lendemain.
Il est resté cinq jours à l’hôpital. On lui a posé un stent (petit treillis métallique qui maintient l’artère ouverte). Par chance, il n’a pas de lésion. Il a eu un mois d’arrêt de travail, il reprendra la semaine prochaine, le médecin dit que c’est important qu’il puisse reprendre son activité professionnelle – sans trop forcer, évidemment.
Mon mari sait maintenant que sa vie va changer, surtout au niveau de son sport, ce qui est compliqué à accepter. Le sport à haute dose, c’est fini, nous savons que le risque de récidive existe. En matière de recommandations, il est bien précisé que les aliments doivent être limités – désormais, l’escalope sera sans crème fraîche. Olivier ne fume pas, ne boit pas mais il y avait eu des antécédents familiaux en matière d’infarctus.
Évidemment, depuis le (lundi) 2 mai, la famille a été un peu secouée par tout ça. Le 18 mai, nous avons fêté le 50e anniversaire de mon mari, on a fait ça au club de judo. Il m’a dit : Sans toi, je ne serais pas là aujourd’hui.
À ceux qui liront ce témoignage, je veux dire qu’il ne faut pas prendre à la légère certains signes, certaines attitudes des gens qu’on connaît bien – lors du week-end durant lequel je m’inquiétais, je voyais par exemple mon mari se toucher la poitrine. Après, bien sûr, il faut aussi essayer de ne pas devenir hypocondriaque. »
http://www.lunion.fr/node/731327
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